The escapist de Alexander Ekman – la critique de Master Danse

Modeste passionné de danse (je dis modeste car je suis venu à la danse sur le tard grâce à mon fils qui est danseur et j’avoue être à un niveau de connaissance proche de zéro dans ce domaine) je viens de visionner sur écran (et non pas sur scène, hélas) la dernière création d’Alexander Ekman. Après ce moment très particulier, je ne peux résister à l’envie d’écrire quelques lignes pour partager mon ressenti.

Note : le ballet est disponible en replay ici

Après ‘’Play’’ (que j’ai vu sur la scène de l’Opéra Garnier); ballet où Alexander Ekman nous fait cheminer dans un univers onirique aux limites du jeu ; voici aujourd’hui sa nouvelle création, ‘’The escapist’’. Ce ballet nous entraîne cette fois ci dans une fugue virtuelle remplie d’êtres et d’univers fantasmagoriques, mais pas que. Dans cette errance dansée, Alexander réussit le défi de nous faire rêver exactement quand il le veut. Tout démarre d’une scène de vie, somme toute bien ordinaire, où des convives sont attablés, quoi de plus banal peut-on se dire à la lecture de ces lignes… Mais voilà, dès cette scène, la magie Ekman opère, les costumes, les regards, les gestuelles des danseurs mis en scène nous font de suite plonger dans l’univers du songe où le raisonnement s’effrite au profit de l’illusion. Dès lors, tout ne sera qu’allers et retours entre le réel, vers lequel Alexander nous ramène grâce à la projection d’images et de dialogues internes du quotidien de son rêveur (the escapist), et le rêve dans lequel nous plongeons avec surprise au départ, puis avec impatience et désir par la suite. En effet, ces alternances entre images réelles et chimères nous font à chaque fois désirer un peu plus l’instant où les danseurs vont nous ramener à la fiction. Dans ces moments de logorrhée corporelle complètement dédiés à l’utopie, chaque personnage qui était au départ sagement attablé s’évade. Il s’évade grâce à la chorégraphie ciselée par Alexander, mais aussi grâce aux fugues rêvées par son complice ‘’the escapist’’. Pour ce dernier, toute scène de la vie, toute scène de sa vie, est prétexte à échappée. Qu’il soit dans son bain ou même à son travail (images de sa propre vie réellement projetées sur scène), sa capacité à voguer vers d’autres (ir)réalités est hallucinante, chaque seconde de sa pensée peut faire naitre une troupe de créatures mi-hommes mi-animaux, une communauté de ‘’tourneur’’ (pas forcément Dernish) ou un couple ‘’végétalisé’’. Ne se contentant pas de cette pluie de tableaux animés, Ekman et son rêveur finissent de nous absorber dans leurs mirages matérialisés, en soumettant notre ouïe à des rythmes envoûtants, à des rythmes avec les images, parfaitement harmonisés. Les dernières secondes de ce songe éveillé sont elles aussi assez troublantes, on y voit ‘’the escapist’’, seul à la table du démarrage du ballet, il semble caresser et embrasser dans le vide des personnages impalpables puis, doucement, se rapprocher et souffler la seule bougie qui éclaire la scène. Ainsi plongé dans le noir, chacun se demande si même ces scènes, qu’on a voulu accrocher au réel, ne sont pas finalement, elles aussi, de l’ordre du rêve…

Au hasard de quelque dictionnaire, on peut trouver la définition suivante du rêve:

‘’Construction de l’imagination à l’état de veille, destinée à échapper au réel ou à satisfaire un désir’’

Le Larousse

Comme évoqué ci-dessus, Ekman et son ‘’escapist’’ nous permettent assurément d’échapper au réel. Mais le tour de force de ce couple magique réside dans le fait de rendre visibles, à nos yeux ébahis, ces échappées par nature pourtant expressément immatérielles. Quant au désir, je satisfais le mien à chaque spectacle d’Ekman, j’attends donc déjà le prochain, en étant persuadé qu’à l’instar de ‘’the escapist’’, il me fera rêver.


Voici pour mon ressenti, n’hésitez pas à me faire par du vôtre sur MASTER DANSE, qu’il s’agisse de ce que vous pensez de ‘’the escapist’’ ou de cet article d’un modeste contributeur au monde de la danse que je suis…

Je suis un modeste passionné de danse. Je dis modeste car je suis venu à la danse sur le tard grâce à mon fils qui est danseur et j’avoue être à un niveau de connaissance proche de zéro dans ce domaine. Cependant, mon amour pour les mots m'a poussé à écrire sur Master Danse...
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