Stories de Romain Rachline – la critique de Master Danse

Bonjour à tous et bienvenue sur Master Danse. Aujourd’hui je vais vous parler de « Stories », un spectacle narratif créé par Romain Rachline. Je l’ai vu à l’occasion de sa représentation au casino de Paris, une grande salle de spectacle.

La critique

Le rideau est déjà ouvert quand nous pénétrons dans la salle et la scène est plongée dans une atmosphère de « blockbuster » américain. Des décors très bruts, une lumière bleu et dorée, et des machines à écrire nous permettent de comprendre que nous nous trouvons dans un éditorial. La première note de musique résonne et nous sommes déjà transportés dans leur univers. Un homme se démarque. C’est le personnage principal, qui est aussi un acteur du film auquel nous assistons. Car oui, cette pièce nous raconte l’histoire d’Icare, un jeune acteur dont les films connaissent un franc succès. Et après une dispute avec son réalisateur, il se retrouve prisonnier du film qui le lie au cinéaste. Nous ressentons dès le début un sentiment d’oppression et d’emprisonnement. En fait, le personnage d’Icare est tellement bien construit qu’on s’attache à son caractère et on voyage avec lui dès le début de la pièce. On se sent donc nous aussi coincés dans le film, face à l’ascendance oppressante de son réalisateur; la relation entre ces deux personnages nous est très bien transmise. Les tableaux se succèdent, toujours d’une modernité et d’une fraîcheur incroyable. La musique, composée spécialement pour le spectacle est tout simplement géniale. Elle réussit à nous emporter dans son émotion et elle nous fait vibrer avec elle. Romain Rachline n’est pas seulement un chorégraphe exceptionnel, il est aussi scénariste, metteur en scène et scénographe. En effet, l’histoire, la profondeur des personnages, la scénographie et les éclairages sont tous mis au service de la pièce et même en enlevant la danse, on tient là un scénario digne d’un long métrage à gros budget. L’histoire est bien amenée, les rebondissements sont très utiles au propos : « Sommes-nous dans la fiction ou dans la réalité ? ». On alterne entre des passages hors du film, où une vraie équipe technique entre en scène et redéfinit l’espace scénique, et des moments à l’intérieur de l’intrigue ou on est plongés dans le film. Par exemple, la première chute, très intéressante et bien mise en scène nous fait sortir de l’intrigue, en changeant l’atmosphère lumineuse, et c’est à ce moment qu’on se rend compte que l’acteur, lui, n’est pas totalement revenu au monde réel… La troupe est exceptionnelle. On a des danseurs avec des corps investis, des regards et des intentions très justes qui dégagent un effet de groupe puissant et très animal. On assiste aussi à des scènes beaucoup plus sensuelles, où Icare se laisse enivrer par l’incroyable beauté d’une femme au style assez « flamenco ! ». On peut apercevoir un autre aspect de la dualité et du tiraillement qui l’habitent quand il est seul sur scène, face à son propre reflet dans un miroir. Les dynamiques de groupe sont d’une puissance phénoménale. La tension monte, l’adrénaline nous envahit! Ils ont aussi eu l’intelligence de reprendre partiellement la chorégraphie qu’ils avaient dansée à l’occasion de « La France a un incroyable talent ». Une des scènes les plus tristes et les plus prenantes est celle de la bataille de rue dans laquelle Icare est finalement pris pour coupable et se retrouve en prison. Il est encore une fois face à lui-même et l’on se demande où se trouve la frontière entre la fiction et la réalité. Je ne veux pas vous dévoiler la fin de ce magnifique spectacle, mais je vous dirais simplement que cette scène nous fait rêver, tout comme le reste de ce merveilleux cheminement.

Alors que l’on croit que tout est fini, alors que les artistes ont salué, alors que le chorégraphe a fait son discours, alors que personne ne s’y attend, des tambours tombent du ciel pour le mouvement final. Toute la salle vibre au rythme de leurs tambours et nous sommes tous entraînés dans leur danse endiablée.

Conclusion

Pour conclure, Stories est un bijou chorégraphique et scénique, qui est largement au niveau des plus grandes comédies musicales. Romain Rachline a su allier sensibilité, profondeur et virtuosité pour donner une pièce riche en couleurs et en émotions. Ce sont dans des décors parfaitement éclairés dans lesquels évoluent des danseurs exceptionnels. C’est sans doute une des meilleurs pièces de cette année 2019-2020. Ça fait du bien de revoir des claquettes et surtout un spectacle axé autour de la narration, c’est bien rare ces temps-ci… Si vous voulez le voir, ils rejouent les 12 et 13 mars au casino de Paris, le lien est juste ICI.


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J'ai 17 ans et je suis un danseur. Je me forme actuellement pour devenir professionnel et je suis toujours en quête de plus de rencontres et d'expériences. J'aimerais vous faire partager sur ce blog, mes expériences et mes ressentis vis à vis du monde de la Danse.
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Un commentaire pour “Stories de Romain Rachline – la critique de Master Danse

  1. Bonjour Eliott,
    Je n’aurai qu’un commentaire sur cet article : – Je vais voir le spectacle le 13 mars -. Dénouement inévitable après cette lecture…
    Horus Lane.

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