Vers la fin de la fiction dans la littérature ?

« Pourquoi crois-tu que les lecteurs et les critiques se posent-ils la question de l’autobiographie dans l’œuvre littéraire ? Parce que c’est aujourd’hui la seule raison d’être : rendre compte du réel, dire la vérité. »

Delphine de Vigan


Ainsi s’adresse un de ses personnages à Delphine de Vigan dans son ouvrage D’après une histoire vraie. Selon elle, les lecteurs recherchent à tout prix du réel dans ce qu’ils lisent. En effet, dans une ère où l’on peut se divertir en un clic via Netflix notamment, les plateformes connectées ont le monopole de la fiction. L’omniprésence des médias et l’authenticité retrouvée dans le genre autobiographique marqueraient-elles la fin de l’imaginaire dans la littérature ?

Ce désintérêt pour le roman est compréhensible dans la mesure où la paresse naturelle de l’humain le rend plus enclin à s’allonger mollement dans son canapé pour regarder un film plutôt qu’à prendre la peine de déchiffrer un pavé. Les livres attirent donc plus lorsqu’ils offrent une valeur ajouté : de l’authentique, de l’inédit. Car même si le roman reste à ce jour le genre préféré des français, la vente de biographies et autobiographies a connu une hausse de 15 % au Royaume-Uni en 2018, notamment grâce à Becoming de Michelle Obama. C’est pourquoi les ouvrages mis en valeur sur les étagères des grandes librairies sont ceux étiquetés d’un « inspiré de faits réels ». En effet, le genre autobiographique a connu un renouveau depuis les années 1980 et les ventes ont décuplé en parallèle : c’est devenu un nouveau business, notamment pour les personnalités. Si une biographie de Johnny Hallyday était publiée, les lecteurs se l’arracheraient.


Mais pourquoi un tel voyeurisme ? Un tel besoin de s’immiscer dans la vie de l’auteur ? Cet intérêt malsain s’approcherait presque de l’adulation des jeunes pour ces stars des réseaux sociaux dont la vie n’a rien en commun avec la leur. Ainsi, les lecteurs attendent de l’auteur qu’il se mette à nu devant eux. Cela pourrait s’expliquer par le fait que le processus d’identification aux personnages est plus aisé lorsque ces derniers sont réels. La réalité joue donc sur l’esprit malléable du lecteur en lui proposant une solution à des choix qu’il doit affronter ou une vie à laquelle il peut aspirer


La recherche continue du vrai prend même le pas sur l’imaginaire. Qui n’a pas connu ce désir qui reste à ce jour inassouvi de recevoir une lettre de Poudlard l’année de ses onze ans comme Harry Potter, pourtant issu de l’imagination de JK Rowling ? Depuis notre plus jeune âge, il nous est impossible d’accepter la fiction pour ce qu’elle est : de la pure et simple fiction. La littérature fictive n’est peut-être plus assez puissante pour donner l’illusion d’émotions réelles face à d’autres industries comme celle du cinéma.


Cependant, si comme le dit Delphine de Vigan, la fiction se meurt peu à peu, ce ne serait peut-être pas synonyme de malédiction. Le penchant du grand public pour les genres autobiographiques et auto fictifs est, sous un certain angle, très compréhensible. Paradoxalement, une autobiographie est une lecture marquante qui touche personnellement le lecteur alors que c’est un récit extrêmement personnel pour l’auteur. En réalité, les auteurs nous modèlent à leur guise pour nous faire adhérer à leurs opinions et nous faire grandir. Les œuvres littéraires inspirées de faits réels nous plongent au cœur de mœurs qui ne sont pas les nôtres, ce qui enclenche un certain éveil chez le lecteur.


Ainsi, la lecture de la saga d’Elena Ferrante, L’amie prodigieuse, plantée dans un décor napolitain chaotique, qui présente beaucoup de caractéristiques autobiographiques, nous quitte grandis d’avoir côtoyé, le temps d’une lecture, le choc des classes sociales. Ce genre nous apporte donc de nouvelles connaissances, des expériences qu’on sait être authentiques et que l’on s’approprie.


Ce sont les raisons pour lesquelles les autobiographies sont bien plus bénéfiques au lecteur que les romans et que la disparition progressive de ces derniers sur la scène littéraire, faute de demande du public, comme l’affirme le livre de Delphine de Vigan, serait un mal pour un bien. Au premier abord, l’Art est essentiellement le fruit d’une imagination riche. Mais le partage du vécu de l’artiste est sans doute, selon moi, encore plus enrichissant pour le public.

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Je m’appelle Garance et j’ai 15 ans. Contrairement aux autres rédacteurs de Master Danse, je m’y connais très peu en Danse mais je m’intéresse beaucoup à l’Art en général.
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