« La Femme qui Danse » de Marie-Claude Pietragalla : entre intimité et honnêteté

Quarante ans de carrière. Quarante années au service de la Danse, au service de son public. Marie-Claude, Pietragalla, celle que l’on surnomme « Pietra » nous a offert un spectacle exceptionnel, intime et sompteux : « La Femme qui Danse ».

D’origine Corse, elle entre à l’école de Danse de l’Opéra de Paris à 9 ans et intègre le Ballet à 16 ans. Elle est nommée étoile à la suite de Don Quichotte, en 1990. Carolyn Carlson crée pour elle « Signes » en 1997, preuve de sa capacité à jongler entre le répertoire classique et le répertoire contemporain. A 35 ans, elle quitte l’Opéra de Paris pour diriger le Ballet de Marseille, où elle rencontrera Julien Derouault, aujourd’hui son mari. Avec lui, Pietra fonde Le Théâtre du Corps, une compagnie qui mêle Théâtre, Danse classique, contemporaine, hip-hop etc. Pour en savoir plus sur Marie-Claude Pietragalla, consultez notre publication Instagram. Tous les mercredis, nous vous faisons découvrir une personnalité culturelle, le plus souvent un danseur ou un chorégraphe.

Le spectacle

Le spectacle que Marie-Claude Pietragalla propose est un « seul en scène », scénographié par Julien Derouault. Le rideau s’ouvre, la musique commence. Puis, Pietra commence à parler et à danser. Le spectacle sera construit de cette manière, un mariage entre la parole, la musique et le mouvement. La Femme qui Danse est un spectacle autobiographique, dans lequel Marie-Claude Pietragalla retrace son parcours, tout en véhiculant les émotions qu’elle a connues tout au long de sa vie d’interprète.

Mon avis

La mise en scène de Julien Derouault nous plonge réellement dans la vie de la Danseuse qu’a été Pietra. Comme à son habitude, le couple de chorégraphes agrémente son spectacle de nouvelles technologies. Ici, dans la deuxième partie du spectacle, elle est équipée de capteurs qui permettent de capturer son mouvement, et grâce à des logiciels, de modifier les graphismes vidéo-projetés à l’arrière et de façonner la musique en direct. Cependant, je ne trouve pas que cet outil apporte beaucoup à la mise en scène; il était même parfois gênant, car trop lumineux.

Les lumières créées par Alexis David m’ont emporté dès le début de la représentation. Elles nous montrent la puissance des émotions qui traversent la danseuse. Conjugués à la fumée, ces éclairages sont fascinants et bien utilisés; ils ne sont pas qu’une folie de la mise en scène.

Les mouvements sont propres à Pietra, purs, habités, et comme elle le dit elle-même, ses mouvements sont « animaux ». La Danse de Marie-Claude Pietragalla était ce soir extrêmement intéressante, car elle s’exprimait par elle-même et sans détours. Le souffle est lui aussi très présent lors de son spectacle. Respiration, essoufflement, fatigue. Elle nous montre les difficultés que doit surmonter la danseuse pour atteindre ses rêves.

Les textes sont originaux de Pietra elle-même. Ils servent de narration à son spectacle. Je les ai beaucoup appréciés et m’ont marqué car j’ai pu m’identifier dans ce qu’elle affirmait.

« Je suis un esprit de feu dans un corps de velours »

Cette citation nous montre que son récit est empli de vérité. Une danseuse, combattante, devra montrer sur scène un corps parfait, une technique irréprochable, tout en feignant une simplicité d’exécution.

J’ai trouvé Marie-Claude Pietragalla très honnête, non seulement dans sa Danse, mais aussi dans son récit. En faisant un portrait de Noureev, Pietra ne fait pas que l’idolâtrer et le chérir comme beaucoup de danseurs. Elle expose aussi un personnage colérique, jamais satisfait, qui ne laisse pas de place au dialogue.

Son spectacle était touchant, et parfois presque émouvant. La narration de ses souvenirs nous rappelle qu’elle n’était au départ qu’une élève. Le spectateur se retrouve dans les propos de l’interprète et est emporté par le spectacle. Ce dernier se termine par une respiration qui m’a laissé le souffle coupé.

Je dirais donc qu’il faut aller voir se spectacle, surtout lorsque l’on est danseur, car on comprend réellement le message que veut porter Pietra. Elle met des mots sur des sentiments que nous n’avons jamais pu définir. La Femme qui Danse est en réalité une leçon, une leçon de vie. Pietra nous enseigne l’exigence et l’honnêteté qu’un artiste doit avoir envers lui-même, et envers son travail.

Je m'appelle Hippolyte et je pratique la danse classique avec passion depuis l'âge de 8 ans. Je suis rentré à l'école de danse de l'Opéra de Paris en 2015 et y suis resté pendant 4 ans. J'aimerais vous faire partager mon amour pour cet Art, à travers ce que j'écris.
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