Le syndrome du carrefour postérieur : le fléau du danseur

Bonjour à tous, aujourd’hui je vais vous parler d’une blessure qui me suit depuis maintenant deux ans : le syndrome du carrefour postérieur.

Dans cet article, nous verrons d’abord la définition du syndrome du carrefour postérieur, puis les causes et les remèdes et enfin je vous parlerai de mon expérience personnelle, étant moi-même touché par ce syndrome.

Qu’est ce que le syndrome du carrefour postérieur ?

Posons d’abord quelques bases :

  1. L’articulation est la zone où se réalisent les mouvements d’un membre.
  2. Lorsqu’il y a conflit de cheville cela veut dire qu’un contact anormal s’effectue à l’intérieur de l’articulation lors des mouvements. Il peut s’agir soit d’un tissu qui vient se “coincer” dans l’articulation, soit d’un arrachement osseux (petit morceau d’os libre) ou encore d’un os un peu volumineux qui vient « frotter » contre un autre.

Le conflit (ou syndrome) du carrefour postérieur est lié au coincement de tissus ou d’os entre l’os du talon (calcaneus) et le tibia en flexion plantaire (quand le pied est pointé). Les éléments écrasés peuvent être soit la partie postérieure de l’astragale (os de la cheville) soit des parties molles (ligaments).

Schéma du syndrome du carrefour postérieur

Les causes et les traitements

Le syndrome du carrefour postérieur est très fréquent chez les danseurs car la position du pied (sur les pointes ou demi pointes) favorise la flexion plantaire et donc augmente les écrasement des éléments postérieurs entre le tibia et l’os du talon. À l’école de l’opéra, au moins 20% de mes amis étaient touchés par ce syndrome, de manière plus ou moins grave.

IRM d’un conflit du carrefour postérieur avec un détachement de la queue de l’astragale

Lorsqu’on est diagnostiqué d’un conflit du carrefour postérieur, arrive en un premier temps une phase de repos et de traitement doux (kinésithérapie, técarthérapie, laser…). Il est possible, lorsque le conflit postérieur ne s’attaque qu’aux parties molles, que le conflit disparaisse totalement. Cependant si ce traitement ne suffit pas à éliminer la douleur, deux choix s’offrent à nous : l’infiltration de corticoïdes au niveau de la cheville ou bien une opération dont le but est d’enlever le tissu qui se coince entre les os. L’opération n’est possible que si le conflit implique la queue de l’astragale. S’il n’y a que les parties molles qui sont concernées, votre pied n’est simplement pas fait pour la danse classique. 

Mon expérience

Ma blessure s’est déclarée en novembre 2017 alors que je rentrais en quatrième division à l’école de l’opéra de Paris. On m’a immédiatement diagnostiqué un carrefour postérieur et on m’a prescrit un arrêt de danse jusqu’à la rentrée des vacances de Noël. Cet arrêt n’a malheureusement pas été concluant et j’ai dansé avec la blessure jusqu’à la fin de l’année. J’ai alors décidé de quitter l’opéra de Paris et de faire une année plus tranquille consacrée à la découverte de nouveaux styles de danse. Quand je fais de la danse contemporaine, je n’ai pas vraiment mal. Mais dès que les entraînements s’intensifient ou que je prends un cours de classique, la douleur revient immédiatement. J’ai toujours cette épée de Damoclès au dessus de ma tête, comme si l’équilibre de la douleur pouvait lâcher à un moment ou à un autre. Mais puisque la danse rend fou, comme je l’explique dans la page « Mon parcours » de ce blog, j’ai décidé de reprendre la danse à un niveau intensif dans le but de rentrer au CNSMD de Paris en contemporain.

J’ai alors cherché un traitement pour mettre fin à cette blessure. J’ai personnellement un carrefour postérieur impliquant l’os de l’astragale, donc l’opération est possible. J’ai vu plusieurs chirurgiens qui m’ont conseillé de ne pas faire d’infiltration qui peut abîmer les tissus et les tendons du pied, pour une solution seulement provisoire… Je dois donc faire l’opération pour me débarrasser de ce boulet à ma cheville. Mais les chirurgiens précisent bien que même si l’opération est concluante, je ne suis pas sûr d’éradiquer totalement la douleur…

Reste une décision à prendre : la date de l’opération. Pour l’instant, je danse en gérant ma douleur qui se réveille de temps à autres en cours de classique.

Et vous, que me conseilleriez-vous de faire ? J’attends vos réponses en commentaire !


Voilà, c’est tout pour cet article ! Si vous avez des remarques ou des questions, n’hésitez pas à les laisser en commentaire !

J'ai 17 ans et je suis un danseur. Je me forme actuellement pour devenir professionnel et je suis toujours en quête de plus de rencontres et d'expériences. J'aimerais vous faire partager sur ce blog, mes expériences et mes ressentis vis à vis du monde de la Danse.
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12 commentaires pour “Le syndrome du carrefour postérieur : le fléau du danseur

  1. Salut,
    Je viens de me faire opérer sous arthroscopie pour supprimer un os trigone dans la cheville droite qui me créait un syndrome du carefour posterieur. J’espère re danser à la rentrée septembre. Cela fait plus d’un an que tu as posté cet article. Tu as finalement pu te faire opérer ? Si oui, comment s’est donc passé ton opération ? Tu as re dansé après combien de temps ?

    1. Bonjour Fanny,
      Merci pour ton message et pour ton intérêt au blog !
      Je ne me suis finalement pas fait opérer, j’ai préféré essayer de rééduquer mon pied et muscler ma voute plantaire en faisant des exercices de pieds et d’orteils.
      Cela a bien fonctionné, et malgré une gêne toujours présente, j’arrive à gérer pour ne pas aller forcer trop fort, monter en relevé dans l’axe…
      Pour ta rééducation, je pourrais te conseiller de faire des exercices d’orteils (les lever séparément, les ramener ensemble…) et des relevés dans un axe parfait ! Hanche genou pied
      Bonne chance pour ton opération et ta reprise !
      Si tu veux discuter, tu peux venir sur instagram, voici mon profil perso : @eliottav

      1. Hello !
        J’ai 18 ans et je suis au Jeune Ballet d’Aquitaine (pour en faire mon métier).
        J’ai mal au tendon d’achille depuis petite et je pensais que c’était juste mon tendon qui était trop court … j’ai les pieds plats mais je les travaille depuis petite et rien n’y fait, ça bloque.
        J’ai été diagnostiqué il y a quelques jours du syndrome de la queue de l’astragale … je suis contente de pouvoir mettre des mots sur ma douleur et sur le fait que mes pieds ne s’améliorent pas mais cependant je ne sais pas quoi faire …
        Je vais aller voir un chirurgien du pied comme on me l’a conseillé et je me doute qu’il va me proposer l’opération. J’étais très classique avant mais j’ai justement dû m’orienter un peu plus vers le contempo à cause de mes pieds. Mais je ne veux absolument pas oublier le classique, la base de tout !! Et malheureusement comme toi, dès que je prends un cours classique j’ai mal …
        Je ne sais pas si l’opération pourrait débloquer mon pied et pouvoir enfin développer mon coup de pied (parce que le médecin m’a dit que c’était pour ça que ça bloquait), je ne sais pas trop quoi faire, que me conseilles tu ??

  2. Bonjour à vous deux,
    Voilà deux ans que vous viviez des moments douloureux.
    Qu’en est-il aujourd’hui ?
    Avez-vous pu continuer votre formation pro ?
    En espérant que c’est le cas, je vous souhaite une bonne journée.
    Céline
    maman d’une petite danseuse de 12 qui vient de recevoir ce même diagnostique…

    1. Moi aussi j’aimerais bien avoir de vos retours Fanny et Eliott, et je partage l’avis d’Eliott dans cet article. Comme Fanny j’ai été aussi opérée d’un carrefour postérieur pour ablation d’un os trigone, apparue à 30 ans : après un début de pratique plus tardif que vous de la danse classique et la pratique de la gymnastique plus jeune, et la pratique de la course à pied avec dénivelé. (sorties entre 45 minutes et 2h 2 à 4 fois par semaine – je ne faisais pas des trails non plus!).

      J’avais cette blessure depuis presque 1 an et demi : première grosse crise inflammatoire à l’été 2021, arrivée assez brutalement, très invalidante, avec douleurs lancinantes et irradiantes la nuit, et impossibilité de marcher 2 km. Le diagnostic a été envisagé rapidement grâce à un bon kiné et un bon médecin du sport, après des tests évacuant toute tendinite et sur la base d’une radio récente de l’autre cheville montrant une queue longue de l’astragale (qui peut aussi être à l’origine d’un conflit), puis confirmé par une IRM.
      Comme Eliott, j’ai d’abord été mise au repos, avec arrêt de la course à pied en dénivelé (voire de la course à pied tout court) et de la danse debout mais maintien de la barre au sol, rééducation (montée dans l’axe, muscles intrinsèques du pied avec exercices d’orteils et de voûte plantaire) et étirements, en particulier du mollet.
      Septembre-décembre 2021: l’amélioration a permis une période de gestion d’un équilibre de la douleur : localisée à l’arrière du pied, elle se réveille dans les dégagés et dès que l’on fait des demi-pointes, et peut-être dans les sauts, en somme avec tout ce qui implique la flexion plantaire. J’ai repris la danse debout en espaçant les cours, en évitant de monter sur demi-pointe (je ne travaillais que sur pied plat avec cette cheville gauche), parfois en empêchant la flexion plantaire maximale avec un strapping approprié (il faut apprendre la technique de ce bandage avec le kiné du sport) et en travaillant davantage en flexion dorsale pour étirer et libérer l’articulation, et en faisant plus de barre au sol, parfois sans flexion plantaire et exclusivement en flexion dorsale. Ce n’est pas l’idéal, mais ça permet de ne pas arrêter complètement et de travailler autrement.
      Janvier 2022: Comme la gêne ne disparaissait pas et rendait compliquée la danse debout, j’ai bénéficié d’une première infiltration en janvier, qui a permis du mieux, voire quelques temps sans douleur et toujours en faisant attention avec la flexion plantaire.
      Mai 2022: ensuite, la douleur est revenue, nouvelle phase de gestion d’un équilibre, deuxième infiltration en juin qui fut un brillant échec puisqu’après un mois d’arrêt complet et de la danse debout et de la barre au sol, et toujours de la course à pied, la douleur s’est réveillée immédiatement au deuxième ou troisième cours debout en août. Il a donc été décidé d’opérer en décembre. Entre temps, je faisais de moins en moins souvent de la danse debout puis exclusivement de la barre au sol en privilégiant la flexion dorsale, ce qui était sans douleur.

      J’en suis là, la cheville fraichement opérée, j’essaierai de venir vous donner des nouvelles dans quelques mois ! Pour ma part, je ne danse pas professionnellement et simplement comme amatrice. Je pense que cette blessure, quand elle implique un os trigone, soit congénital soit par fracturation de la queue longue de l’astragale, n’est pas compatible avec la danse classique à moyen terme (mais avec la danse contemporaine, peut-être) et qu’il faudra forcément passer par une opération pour continuer à danser sur demi-pointes voire pour pouvoir monter sur pointes, sinon les tendons et ligaments frottent contre l’os (trigone), se coincent dans l’articulation, s’abîment et provoquent l’inflammation chronique.

      1. Bonjour Elliott et Ayalenn,
        Merci pour votre partage d’expérience à tous les deux.

        Ayalenn, comment te portes-tu à la suite de l’opération? Les premiers jours post opératoire et maintenant à 1 mois.

        De mon coté, je suis kiné du sport et pratique un certain nombres d’activités physiques dont de la danse contemporaine et du foot en salle.
        Cela fait maintenant plus de 10ans que le diagnostic de SCP et la douleur en fin de flexion plantaire est habituelle à mon quotidien.

        Je serais opéré ce vendredi 6/1/2023 d’un os trigone par fracturation de la queue du talus (ou astragale).
        Tant sur le plan personnel que pro, je suis à la recherche de témoignages post chirurgical.

        Merci d’avance pour tes réponses.
        Au plaisir

        1. Bonjour Adrien,

          J’espère que votre opération du 6 s’est bien passée.

          J’attendais un peu avant de revenir donner des nouvelles. Oui, ce j’ai compris est qu’il est tout à fait possible que l’os trigone soit présent par fracturation de la queue de l’astragale. Et d’ailleurs il est probable que j’aie ce problème à droite également. En revanche, je n’ai pas ou très peu de douleurs à droite pour le moment.

          Pour répondre à Lyse, j’ai été opérée sous arthroscopie à Rennes à la clinique La Sagesse, par le docteur F-X. Sevestre, et ce n’est pas la première fois qu’il m’opérait d’une cheville (!).
          L’opération en elle-même s’est bien passée, a eu lieu en ambulatoire, ils ont retiré l’os trigone et nettoyé les zones de conflit. Dans mon cas, le tendon long fléchisseur de l’hallux (gros orteil) s’est avéré très abîmé. D’un côté, cela explique que la deuxième infiltration que j’ai faite en juin n’ait absolument pas fonctionné ; de l’autre, cela a rendu le chirurgien plutôt réticent à la pratique des infiltrations dans le cas des carrefours sur os trigone, car elles masquent la dégradation continue des tendons, puisque ce sont des mouvements mécaniques.
          Donc, je dirais qu’il ne faut pas trop attendre l’opération. Cela dit, Eliott a une autre expérience et n’a pas eu besoin de l’opération – si j’ai bien compris – et plusieurs kinés du sport m’ont dit avoir traité des carrefours supérieurs qui n’avaient pas été jusqu’à la chirurgie.

          En post-opératoire, j’avais une botte de marche et des béquilles, et je suis restée au repos, c’est-à-dire assise en télétravail. Il y a des douleurs les premiers jours, qui diminuent après 4 jours et qui sont supportables. J’étais censée pouvoir prendre appui sur le pied avec la botte de marche, ce que je n’ai pas fait les premiers jours. Ensuite, entre semaine +1 et semaine + 3, j’ai appuyé le pied avec les béquilles, puis marché sur la botte sans béquilles à la maison (semaine 3). La cheville est restée enflée avec de l’hématome pendant plusieurs semaines.
          J’ai commencé la kinésithérapie à + 21 jours, soit en avance par rapport à la prescription initiale et à ma demande, car j’avais besoin de remarcher la semaine suivante et mon pied était tout raide. J’avais encore la botte et j’utilisais les béquilles pour décharger le poids et m’aider un peu.
          Les trois premières séances de kiné ont permis de déraidir la cheville et j’ai enlevé la botte.
          A + 29 jours, j’avais le rdv de contrôle, plus de botte, et une ou deux béquilles pour aider la marche et alléger le poids. Sans douleur postérieure à la flexion de l’hallux. Je récupérais un peu de souplesse en flexion plantaire mais la flexion dorsale est raide et un peu douloureuse.
          A + 30 jours, j’ai fait un déplacement quelques jours sans botte et avec une béquille, en reprenant par conséquent la marche un peu rapidement, ce qui a fait un nouvel hématome et accentué les douleurs, mais tout cela s’est résorbé.

          Voilà, j’en suis là ! J’ai pas mal de rééducation à faire pour re-muscler le pied et retrouver une souplesse à l’arrière de la cheville, mais c’est de mieux en mieux et je n’ai plus de douleur postérieure caractéristique du carrefour postérieur. Je suis censée ne reprendre que très progressivement la danse ou les sports qui impliquent le tendon LFH pour qu’il cicatrise correctement. Et je reprendrai de toute façon d’abord les sports en décharge.

  3. Bonjour
    Je suis contente de trouver ce forum car j’ai également le syndrome de carrefour.
    J’aimerai savoir quel chirurgien que vous avez consulté et vos avis sur votre chirurgie.

  4. Bonjour, je suis une jeune danseuse à Paris, j’ai moi aussi été diagnostiqué un carrefour postérieur dans les deux pieds après 4 ans de douleurs.
    J’ai subi 3 infiltrations, une immobilisation pendant 1 mois, arrêt complet, plus traitements.

    Rien n’a marché j’ai donc du me faire opérer il y a maintenant trois mois, ça été une réussite jusqu’à que je monte sur pointe et la douleur est revenue comme avant voir pire malgré le fait que je n’ai plus d’os trigone et sur les scanners il n’y a rien qui puisse expliquer cette douleur…
    j’en est discuté avec mon chirurgien qui a des doutes et qui pense a trop de pression dans la cheville, honnêtement je ne sais plus vraiment. Je commence à désespérer, et je me dis que peut être je n’ai juste pas les pieds pour la danse… Si c’est déjà arrivé à quelqu’un, pourriez vous m’éclairer ? Merci d’avoir lu ! Bonne journée.

    1. Anonyme, je suis assez surprise de votre reprise de la danse avec montée sur pointes 3 mois après l’opération et l’ablation de l’os trigone : ça me paraît hyper rapide, quand je repense à comment j’étais trois mois après l’opération ! Personnellement, j’ai été opérée début décembre, j’ai tenté de reprendre la danse doucement durant le mois de mai et c’était encore trop tôt à cause des douleurs résiduelles au niveau du tendon (c’était pareil que vous, ça produisait des nouvelles inflammations), donc j’ai repoussé au mois de juin. J’ai repris extrêmement progressivement (pas toutes les semaines, pas tout de suite ne serait-ce que sur demi-pointes), avec beaucoup de rééducation via divers exercices ; idem la course à pied, seulement en juillet et très progressivement. Je n’ai plus de douleurs seulement depuis septembre (!), c’est-à-dire ni pendant un cours et ni après, et sans danser tous les jours et sans pointes. Sauf si vous avez un autre problème, je dirais qu’on finit par venir à bout du syndrome de carrefour postérieur, mais c’est très long, et il faut être bien accompagnée niveau kiné + reprendre très progressivement et éventuellement en faisant un strapping qui limite la flexion plantaire au début + les pointes, c’est plus tard, une fois qu’il y a une amélioration au niveau des douleurs… Le carrefour postérieur abîme les tendons ; tant que le tendon ne cicatrise pas, ce qui est long, il ne peut pas y avoir d’amélioration. En revanche, il est possible qu’il faille aider les tendons à cicatriser par d’autres types d’infiltration que la cortisone. Cela dit, ça se verrait sur l’IRM…

  5. Nouvelles post-op et post-rééducation :
    Sans douleurs :
    – pointes : + 13 mois post-op, et très progressivement.
    – course à pied 45-60 min 1 à 2 fois par semaine : entre 10-13 mois.
    🙂

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